Après midi solitaire

Parmi les lieux que Vassili adorait à Poudlard, le lac était celui ou il passait beaucoup de temps, été comme hiver. Marcher durant des heures au bord de l’eau, se demander si les créatures magiques qui l’habitaient étaient aussi géniales que les décrivaient les livres qu’il passait son temps à engloutir avec délices… Mais marcher n’était pas bien entendu la seule chose qu’il faisait : il pouvait s’asseoir au bord du lac et regarder l’eau, sans même voir le temps passer. Lorsque le soleil se couchait tôt, il avait la chance de pouvoir observer la lune se refléter au dessus du lac comme un énorme… Heu… Énorme machin doré et brillant. Oui, c’était à peu près ça, mais ça valait de détour.
Hélas, en ce milieu d’après midi, la lune était bien loin, et si ils n’avaient pas été en ce jour de dimanche, le jeune garçon aurait sans doute eu pas mal de cours auxquels se rendre.
Pour l’heure, il avait délaissé ses deux meilleurs amis et leurs petites amies, évitant par là le fait de devoir supporter leur attitude condescendantes à leur égard, et surtout cette terrible fatalité qui faisait qu’il bégayait encore plus lorsqu’il était mal à l’aise.

Il avait tenté quelques remèdes pour mettre fin à son bégaiement intempestif, mais hélas, aucun n’avait été efficace. Du moins pas plus du temps que ça avait duré. Le pire avait été une sorte de sort que lui avait jeté son grand père paternel -un truc russe- et qui avait encore plus aggravé la chose… Mais enfin, c’était une tare apparemment héréditaires, puisque, aux dires de son père, lui-même bégayait pas mal durant sa jeunesse. Difficile à croire en voyant l’homme distingué à la classe certaine qu’il était devenu. Réservé, certes, mais Vassili ne l’avait jamais entendu butter sur un seul mot.

Repérant un coin assez à l’écart, (bon ok, ça n’était pas vraiment du repérage, il y venait à chaque fois) il s’y installa, le regard dans le vide, dirigé vers ce lac miroitant dans l’espoir d’y apercevoir quelques animaux intéressant, bien qu’en cette fin d’été il doutait y voir plus que quelques poissons bondissants.

Vassili était bien évidemment plongé dans ses pensées. Malgré ses notes assez studieuses, le jeune homme était en effet doté d’un taux de distraction assez élevé… Qui impliquait qu’il était assez incapable de se concentrer plus de cinq minutes. Au lieu de réviser sa métamorphose et ses sortilèges, ses pensées avaient dérivées pour s’intéresser au bleu de l’eau et à la délicatesse des remous sur le bord de la rive.
Aussi, le contact de la jeune fille le bousculant légèrement manqua de le faire sursauter.
Encore tout à ses pensées, il ne réalisa pas immédiatement qu’il était en présence d’autrui, et ce ne fut que lorsqu’il leva les yeux vers elle, et se rendit compte qu’il s’agissait d’une élève de Poudlard que son visage vira instantanément au rouge tomate, comme à chaque fois qu’il se sentait en faute.

C’est-à-dire presque tout le temps.

Passant une main hésitante dans ses cheveux bruns, comme pour remettre ses idées en place, il regarda la jeune femme qui, durant son temps de réaction, avait presque failli atterrir dans le lac, et répondit alors :

« N…N… Non, c…’est ma f… faute… Désolé… »

Aurait-il été comme ses deux meilleurs amis, à savoir, normal, qu’il aurait déjà engagé la conversation. Mais comme il perdait déjà ses moyens, il se dit qu’il n’aurait de toutes manières pas grand-chose à dire, le jeune homme sentant toujours ses joues le brûler ardemment.